Une première semaine d’audience dominée par l’absence de l’accusé
À Paris, le procès de Roger Lumbala, ancien chef de guerre congolais poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité, s’est ouvert dans un climat singulier : une semaine après le début des audiences, l’accusé refuse toujours de se présenter dans le box. Cette attitude, déjà constatée lors de précédentes comparutions, pèse sur le déroulement des débats et interroge la stratégie de défense de l’ancien dirigeant du mouvement politico-militaire RCD-National.
Un dossier lourd, instruit au nom de la compétence extraterritoriale
Roger Lumbala est poursuivi en vertu du principe de compétence universelle, qui permet à la justice française de juger des crimes internationaux graves, même commis hors de son territoire. Les faits reprochés remontent au début des années 2000, en République démocratique du Congo, dans un contexte de violences armées systématiques contre les civils.
Les charges incluent enlèvements, exactions, exécutions sommaires et violences sexuelles présumées, attribuées à des combattants sous son autorité.
Les enquêteurs décrivent leurs méthodes et l’origine des preuves
Lors des audiences de mercredi et jeudi, un officier de police judiciaire a exposé en détail les étapes de l’enquête menée par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité. Les magistrats ont entendu un récit structuré autour des techniques d’investigation utilisées : recueil de témoignages de survivants réfugiés en Europe et en Afrique, analyse de documents militaires, confrontation des récits, et exploitation de matériaux fournis par des ONG actives dans la documentation des crimes de masse.
Selon l’enquêteur, la cohérence des témoignages recueillis a permis de reconstituer plusieurs séquences d’événements attribuées aux troupes du RCD-N. Les juges ont également été sensibilisés à la difficulté d’investiguer des crimes survenus il y a plus de vingt ans, dans des zones longtemps dépourvues de structures judiciaires fonctionnelles.
Une défense silencieuse, mais présente en salle
Bien que Roger Lumbala refuse de comparaître pour l’instant, ses avocats assistent aux audiences et contestent la solidité des éléments produits par l’accusation. Ils dénoncent notamment ce qu’ils considèrent comme une dépendance excessive aux témoignages recueillis en exil, dont ils contestent la fiabilité. La cour devra trancher sur la valeur probante de ces déclarations, au cœur d’un dossier complexe et historique.
Un procès à portée symbolique pour les victimes congolaises
Pour de nombreuses associations de défense des droits humains, ce procès représente un moment clé dans la lutte contre l’impunité pour les crimes commis en RDC durant la Deuxième Guerre du Congo. Les parties civiles espèrent que les débats mettront en lumière les souffrances vécues par les communautés affectées et permettront, enfin, une forme de reconnaissance judiciaire.
Une affaire suivie de près par la communauté internationale
Le procès Lumbala constitue un nouveau test pour la justice française en matière de crimes internationaux. Il s’inscrit dans une dynamique mondiale visant à renforcer la sanction des violations graves des droits humains, malgré les obstacles logistiques, politiques et temporels. Les audiences doivent se poursuivre dans les prochaines semaines, avec l’espoir que l’accusé finira par s’exprimer devant la cour.
