Une exception française au sein des sanctions énergétiques
Alors que l’Union européenne a promis de réduire drastiquement sa dépendance à l’énergie russe depuis le début de la guerre en Ukraine, la France continue à importer de l’uranium en provenance de la Russie. Ces échanges, effectués discrètement, montrent la difficulté du pays à s’affranchir totalement d’un fournisseur stratégique pour son industrie nucléaire.
Une filière nucléaire dépendante des capacités russes
L’uranium enrichi est indispensable au fonctionnement des réacteurs français. Or, malgré la diversification annoncée par Paris, la Russie reste l’un des rares acteurs mondiaux capables de fournir certains types d’uranium enrichi spécifiques. Cette réalité technique contraint encore EDF à maintenir des livraisons venant de Rosatom, le géant nucléaire russe, pour garantir la continuité du parc nucléaire français.
Un décalage avec les annonces politiques de 2022
En 2022, le gouvernement français avait assuré vouloir mettre fin, à terme, à toute forme de dépendance énergétique envers Moscou. Pourtant, plusieurs documents logistiques et autorisations d’importation montrent que des cargaisons d’uranium ont continué d’arriver dans des ports européens, alimentant indirectement les besoins français. Cette contradiction soulève des critiques sur la cohérence entre discours politique et pratiques industrielles.
L’Union européenne face à une dépendance difficile à rompre
La filière nucléaire européenne, et notamment française, reste l’une des rares exemptions majeures dans les sanctions énergétiques contre la Russie. Les capacités d’enrichissement alternatives, notamment en Europe ou aux États-Unis, ne suffisent pas encore à remplacer complètement les volumes fournis historiquement par Moscou. Cette situation illustre une dépendance structurelle que l’UE peine à résorber.
EDF sous pression entre stratégie industrielle et lignes rouges diplomatiques
L’entreprise publique française se retrouve prise entre deux impératifs : respecter les consignes gouvernementales et sécuriser l’approvisionnement des centrales. Pour ses dirigeants, la sûreté nucléaire impose de disposer de stocks suffisants, ce qui justifie selon eux le maintien de contrats russes tant que les alternatives restent limitées ou insuffisamment fiables.
Un sujet stratégique entouré d’opacité
Les échanges d’uranium entre la France et la Russie demeurent peu commentés publiquement, car ils touchent à la fois à la sécurité énergétique, au nucléaire civil et aux relations géopolitiques. Cette opacité alimente les interrogations sur la transparence de la filière nucléaire française, déjà régulièrement critiquée pour sa culture de confidentialité.
Un dilemme durable pour Paris et Bruxelles
La poursuite des importations d’uranium russe pourrait fragiliser la position européenne dans son effort de pression sur Moscou. En parallèle, une rupture immédiate mettrait en difficulté le fonctionnement du parc nucléaire français, pierre angulaire de sa production d’électricité. Ce dilemme souligne l’urgence d’investir dans des solutions de substitution pour réduire durablement cette dépendance.
