Au Sénégal, les tensions politiques des derniers jours entre le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont suscité de vives inquiétudes quant à la stabilité institutionnelle du pays. Un désaccord autour du choix de la personnalité chargée de diriger la coalition présidentielle a plongé la majorité dans une crise interne, obligeant les deux autorités de l’exécutif à engager un processus de médiation pour éviter une paralysie de l’appareil d’État.
Selon plusieurs acteurs proches du pouvoir, le bras de fer entre les deux hommes, pourtant alliés historiques et figures majeures du projet Pastef, a rapidement débordé sur la coalition au pouvoir. Ministres, députés et cadres politiques ont été contraints de se positionner, alimentant un climat de crispation au sein de la majorité. Cette division soudaine expose les fragilités d’un système institutionnel encore en phase de transition, quelques mois seulement après l’arrivée au pouvoir du tandem Faye-Sonko.
Face aux risques de blocage, plusieurs personnalités religieuses, coutumières et politiques ont entamé une médiation visant à rétablir le dialogue au sommet de l’exécutif. L’objectif est de parvenir à un compromis sur la direction de la coalition, afin de préserver la cohésion du gouvernement et de rassurer une opinion publique attentive aux signaux de stabilité. Les discussions se déroulent dans un climat prudent, chacun veillant à éviter une escalade susceptible d’affaiblir l’action gouvernementale.
Cette recherche d’apaisement intervient dans un contexte où de nombreux chantiers institutionnels et économiques nécessitent une coordination étroite entre la présidence et la primature. Les réformes engagées depuis l’alternance, notamment en matière de gouvernance, de justice et de redressement économique, pourraient être ralenties par un conflit prolongé au sommet de l’État. Plusieurs observateurs soulignent également que toute fracture durable entre les deux dirigeants risquerait d’affaiblir le camp présidentiel à l’approche des échéances politiques futures.
Pour l’heure, l’exécutif s’emploie à afficher une volonté d’unité et à rassurer la population. L’issue de cette médiation sera déterminante pour la poursuite du projet politique porté depuis mars 2024, ainsi que pour la capacité du Sénégal à maintenir la stabilité institutionnelle qui fait sa réputation dans la région.
