La promesse d’un « grand acte de décentralisation » formulée par le Premier ministre a ravivé un débat institutionnel ancien : celui du passage au fédéralisme. À la veille du congrès des régions, prévu jeudi, de nombreuses voix, issues aussi bien de la majorité que de l’opposition, appellent à repenser en profondeur la répartition des compétences entre l’État central et les territoires.
Ce projet viserait à donner plus d’autonomie politique, fiscale et administrative aux régions, longtemps perçues comme des acteurs secondaires du développement territorial. Pour ses partisans, il s’agit de répondre à la « crise de confiance » entre Paris et les territoires, mais aussi de favoriser une gouvernance plus proche des citoyens et des réalités locales.
Les présidents de région plaident depuis plusieurs années pour une simplification du millefeuille administratif et une clarification des compétences. Dans ce contexte, le congrès régional s’annonce comme une tribune majeure pour faire entendre leurs revendications. Certains élus évoquent même un modèle proche de celui de l’Allemagne ou du Canada, où les entités régionales disposent de larges prérogatives en matière économique et sociale.
Cependant, l’idée d’un fédéralisme à la française divise. Les défenseurs du modèle républicain unitaire redoutent une fragmentation du territoire et une remise en cause du principe d’égalité entre les citoyens. D’autres craignent que la régionalisation ne profite qu’aux territoires déjà dynamiques, accentuant les déséquilibres économiques.
Malgré ces divergences, le gouvernement semble ouvert à une réforme d’envergure. Reste à savoir si le « grand acte de décentralisation » annoncé débouchera sur une véritable mutation institutionnelle ou sur une simple redistribution des compétences.
