L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a dressé un constat sévère sur l’état de l’éducation en République démocratique du Congo, dénonçant un système « néocolonial » qui, selon lui, n’a pas évolué depuis l’indépendance du pays. Dans un rapport publié ce 7 novembre, l’organisation appelle à une refondation nationale profonde du modèle éducatif, jugé inadapté aux réalités et aux besoins de la société congolaise.
Selon l’ODEP, les structures et programmes scolaires hérités de la colonisation belge continuent de dominer, privilégiant la reproduction de schémas importés plutôt que la valorisation des savoirs locaux et des compétences pratiques. « Depuis 65 ans, le système éducatif congolais forme des exécutants plutôt que des bâtisseurs de nation », déplore le rapport, pointant du doigt l’absence d’une vision nationale cohérente de l’éducation.
Le diagnostic évoque également une gouvernance défaillante, marquée par la corruption, le détournement des fonds publics, et un déséquilibre criant entre les moyens alloués à l’enseignement primaire, secondaire et supérieur. L’ODEP estime que moins de 10 % du budget de l’État consacré à l’éducation est effectivement utilisé pour améliorer la qualité de l’enseignement.
L’organisation plaide pour une refondation complète du système éducatif congolais, fondée sur trois axes : la décolonisation des programmes, la professionnalisation de la formation, et la valorisation des langues et savoirs nationaux. Elle propose également de renforcer la formation des enseignants et d’intégrer davantage les sciences, les technologies et les métiers d’avenir dans les cursus.
Pour de nombreux observateurs, ce plaidoyer relance un débat crucial dans un pays où plus de 7 millions d’enfants ne sont toujours pas scolarisés et où les infrastructures éducatives restent largement insuffisantes. L’enjeu dépasse la simple réforme scolaire : il s’agit, selon l’ODEP, de « reconstruire l’école congolaise comme pilier de la souveraineté et du développement national ».
