Une loi adoptée mais immédiatement contestée
Les électeurs slovènes étaient appelés aux urnes dimanche pour se prononcer sur l’application de la loi légalisant l’aide médicale à mourir, adoptée en juillet par le Parlement. Selon les résultats quasi définitifs, 53 % des votants ont rejeté sa mise en œuvre. Ce vote populaire suspend le texte pour une durée minimale d’un an, conformément aux règles constitutionnelles du pays.
Cette consultation a été déclenchée après une opposition soutenue de plusieurs groupes civiques et religieux, qui avaient réuni les signatures nécessaires pour provoquer un référendum suspensif. Leur argument principal portait sur les risques de dérives, l’insuffisance des garde-fous prévus et l’impact éthique sur le corps médical. Les promoteurs du référendum estimaient que la société slovène n’avait pas encore mené un débat suffisamment approfondi sur l’euthanasie et l’aide à mourir.
Un texte qui divisait profondément le pays
La loi adoptée en juillet visait à encadrer strictement l'accès à une assistance médicale pour mettre fin à ses jours, à destination des malades en phase terminale ou souffrant de douleurs jugées insupportables. Inspiré de modèles appliqués dans certains pays européens, le dispositif prévoyait des évaluations médicales multiples, des délais de réflexion et un contrôle étroit des autorités sanitaires.
Les partisans de la loi, notamment plusieurs organisations de défense des droits des patients, défendaient une avancée essentielle vers le respect de l’autonomie individuelle. Ils affirmaient que la législation actuelle ne permettait pas de répondre dignement aux situations de souffrance extrême. Selon eux, le vote de dimanche risque de retarder un cadre légal qui serait à la fois strict et protecteur.
De leur côté, les opposants ont insisté sur le danger de pressions psychologiques qui pourraient s’exercer sur les personnes vulnérables, notamment les personnes âgées ou handicapées. Ils craignaient également une transformation progressive de la pratique médicale, traditionnellement fondée sur le devoir de préserver la vie.
Une suspension qui ouvre une nouvelle phase politique
Le rejet de la mise en œuvre de la loi ne signifie pas son annulation définitive, mais il repousse son application d’au moins un an. Ce délai pourrait permettre au Parlement de revoir certains aspects du texte ou de relancer un dialogue national plus large. Il offre aussi aux opposants l’occasion de poursuivre leur mobilisation en faveur d’une abrogation complète.
Ce résultat illustre une nouvelle fois la sensibilité du sujet en Europe, où les débats autour de l’aide médicale à mourir restent marqués par de fortes divergences éthiques, religieuses et politiques. Plusieurs pays de l’Union européenne ont adopté des cadres légaux variés, tandis que d’autres demeurent profondément divisés, à l’image de la Slovénie.
Les autorités slovènes n’ont pas encore annoncé la suite du calendrier législatif, mais le résultat du scrutin oblige désormais le gouvernement à suspendre toute mise en œuvre du dispositif adopté en juillet.
