Malgré la ferme opposition du gouvernement congolais, le mouvement rebelle Armée du futur du Congo (AFC/M23) a procédé au recrutement de plus de 370 magistrats dans la ville de Goma, à l’issue d’un test organisé sous son contrôle. Cette initiative, qualifiée d’illégale par Kinshasa, illustre la consolidation de l’emprise politico-administrative du mouvement sur les territoires qu’il occupe dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Selon plusieurs sources locales, les candidats retenus ont été sélectionnés à l’issue d’un concours public organisé par les autorités du mouvement rebelle, qui affirment vouloir « doter la région d’une justice fonctionnelle et indépendante ». Ce recrutement intervient dans un contexte de tensions persistantes entre le gouvernement central et le M23, dont les forces continuent de contrôler plusieurs zones du Nord-Kivu malgré les appels répétés à leur retrait.
Le ministère congolais de la Justice a réagi avec fermeté, dénonçant une « atteinte grave à la souveraineté nationale » et un « acte nul et de nul effet ». Kinshasa estime que ces nominations participent à la création d’administrations parallèles et sapent les efforts de restauration de l’autorité de l’État dans la région. Le gouvernement a rappelé que la gestion du pouvoir judiciaire relève exclusivement du Conseil supérieur de la magistrature.
Sur le terrain, cette situation risque d’accentuer la confusion institutionnelle et d’alimenter les divisions au sein de la population locale. Plusieurs organisations de la société civile du Nord-Kivu s’inquiètent d’une justice instrumentalisée et d’un vide juridique dans les zones sous influence du M23, où la population continue de vivre dans un climat d’insécurité et d’incertitude.
Cette initiative intervient alors que les discussions de paix menées sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est peinent à produire des résultats concrets. En dépit des appels internationaux à la désescalade, la méfiance entre les parties reste profonde, et l’annonce de ce recrutement massif risque de compromettre davantage les perspectives de réintégration administrative et judiciaire du Nord-Kivu au sein de l’État congolais.
