Un tableau général : des dépenses militaires en forte hausse
D’après les données de Global Firepower compilées par Le360 Afrique par rapport à 2025, les budgets cumulés de défense des 38 États africains évalués atteignent près de 69,4 milliards de dollars.
Cette montée des dépenses traduit une réalité préoccupante : entre les menaces terroristes, les tensions frontalières et les conflits internes, plusieurs États africains jugent urgent de renforcer leurs capacités militaires.
Les géants militaires du continent
1. Algérie – 25 milliards USD
L’Algérie domine largement ce classement avec un budget étratosphérique de 25 milliards de dollars en 2025.
Selon Le360, cette enveloppe représenterait environ 21 % du PIB du pays — un ratio exceptionnel et qualifié par certains d’« anomalie », compte tenu du peu de menaces directes à ses frontières.
Une partie de ce budget est classée dans des « crédits non assignés », ce qui soulève des questions de transparence.
2. Maroc – 13,4 milliards USD
Le Royaume chérifien arrive en deuxième place. Son budget de 13,4 milliards reflète à la fois des ambitions régionales et le besoin de moderniser ses forces.
Face aux défis sécuritaires dans le Sahel et à l’Est, Rabat mise sur des capacités accrues : surveillance, drones, coopération internationale.
3. Égypte – 5,9 milliards USD
L’Égypte occupe la troisième place en termes de dépenses, avec 5,9 milliards de dollars.
Malgré des contraintes budgétaires, Le360 souligne que Le Caire consacre cette somme à des volets variés : achats d’armements, entretien et modernisation.
Les autres poids lourds de la défense
4. Nigeria – 3,1 milliards USD
Face à Boko Haram, aux groupes terroristes et aux défis de gouvernance sécuritaire, le Nigeria investit fortement dans son armée.
Ces dépenses incluent l’équipement, la formation et le soutien logistique des forces.
5. Libye – 3,0 milliards USD
Dans un pays encore fragmenté, ces fonds témoignent de la montée en puissance des milices et des forces rivales, et du besoin permanent de sécurisation dans un contexte instable.
6. Afrique du Sud – 2,3 milliards USD
Pretoria augmente ses dépenses alors qu’il fait face à des défis internes : criminalité, insécurité économique, mais aussi ambition de maintenir un statut de puissance africaine.
7. Éthiopie – 2,1 milliards USD
L’Éthiopie consacre une part importante de son budget à la défense. Les tensions internes et les enjeux géopolitiques (lac Tana, retombées régionales) justifient cette dépense.
8. Tanzanie – 1,4 milliard USD
Avec un budget de 1,4 milliard, la Tanzanie mise sur une armée plus structurée pour renforcer la surveillance maritime et répondre à des menaces transnationales croissantes.
9. Tunisie – 1,4 milliard USD
Malgré ses difficultés économiques, Tunis investit dans la défense, notamment pour faire face à la contrebande, aux flux migratoires et au terrorisme régional.
10. Kenya – 1,3 milliard USD
Le Kenya ferme ce top 10. Nairobi consacre ce budget à la sécurité de ses frontières, à la modernisation de ses forces et à son rôle régional, notamment dans les opérations de maintien de la paix.
Pourquoi ces dépenses montent-elles ?
Plusieurs facteurs expliquent cette montée en puissance :
Menace terroriste persistante : les groupes jihadistes au Sahel, à l’Est de l’Afrique ou encore en Libye poussent les États à sécuriser leurs territoires.
Tensions géopolitiques régionales : des rivalités frontalières, des ambitions stratégiques et des alliances changeantes motivent certains États à moderniser leurs forces.
Pression sur la modernisation militaire : plusieurs pays investissent dans des infrastructures, des équipements modernes (drones, systèmes de surveillance), et des forces plus mobiles.
Souveraineté et prestige : pour des nations comme l’Algérie et le Maroc, un haut budget de défense est aussi un signe de puissance et d’indépendance stratégique.
Risques et critiques
Malgré l’augmentation des budgets, plusieurs observateurs mettent en garde :
Ces dépenses peuvent venir au détriment de secteurs sociaux essentiels comme l’éducation ou la santé.
Le manque de transparence dans certains États (ex : >« crédits non assignés ») pose des risques de corruption.
La militarisation accrue peut alimenter des spirales de course aux armements entre voisins, au risque de menacer la stabilité régionale.
Conclusion
Le top 10 des pays africains en matière de budget de défense en 2025 révèle des priorités claires : face à l’instabilité sécuritaire et aux menaces transnationales, plusieurs nations misent sur la force militaire comme pilier de leur stratégie d’État. Ce phénomène soulève cependant une question majeure : comment concilier investissements sécuritaires et développement humain dans un continent où les besoins économiques et sociaux sont immenses ? La réponse déterminera sans doute l’avenir de la paix et de la prospérité en Afrique.
