Un G20 inédit sur le continent africain sous haute tension
Le sommet du G20 organisé ce week-end à Johannesburg marque une première historique : jamais cette instance n’avait été tenue en Afrique. L’événement, perçu comme un moment stratégique pour le continent et pour les pays du Sud global, se déroule toutefois sans la présence des États-Unis. L’administration Trump a annoncé son boycott, une absence qui résonne comme un signal politique fort à l’égard de Pretoria et des dynamiques de coopération qui s’affirment en dehors des cadres occidentaux traditionnels.
Depuis plusieurs semaines, Washington avait multiplié les avertissements, estimant que l’Afrique du Sud adoptait une posture diplomatique « dangereuse » en s'alignant trop étroitement sur les revendications des pays émergents et en appelant à une réforme de la gouvernance mondiale.
Pressions diplomatiques et tentatives de dissuasion
Selon plusieurs diplomates impliqués dans l’organisation du sommet, la Maison-Blanche a exercé des pressions bilatérales pour convaincre certains partenaires occidentaux et alliés proches de réduire leur niveau de représentation à Johannesburg. L’administration Trump aurait également exprimé des inquiétudes concernant la volonté du G20 africain de remettre en question l’influence américaine dans les grandes institutions financières internationales.
Le département d’État a ainsi laissé entendre que la participation à un sommet « politisé » pourrait être perçue comme un affront à la position des États-Unis sur plusieurs dossiers sensibles, notamment la guerre en Ukraine, la réforme du FMI ou la gouvernance du commerce mondial.
Pretoria maintient son cap malgré les intimidations
Face à ces pressions, l’Afrique du Sud est restée ferme. Le gouvernement du président Cyril Ramaphosa a confirmé la tenue du sommet et réaffirmé sa volonté d’y défendre les priorités du Sud global : accès équitable au financement, allégement de la dette, industrialisation verte, sécurité alimentaire et réformes structurelles des institutions économiques mondiales.
Pretoria met en avant la nécessité de corriger des asymétries héritées de décennies de marginalisation du continent africain dans les instances de décision économique. Le pays a aussi insisté sur le caractère inclusif du sommet, conçu comme une plateforme permettant de rapprocher les économies émergentes des grandes puissances traditionnelles.
Un agenda centré sur les enjeux des pays en développement
L’Afrique du Sud entend faire de ce G20 un tournant pour les nations en développement. Le sommet doit aborder la mise en place de nouveaux mécanismes de financement adaptés à leurs besoins, l’impact des crises climatiques sur les économies vulnérables, ainsi que des mesures destinées à faciliter l’accès aux technologies et à l’énergie propre.
Les discussions devraient aussi porter sur le renforcement des capacités productives locales, un enjeu crucial pour le continent africain, encore fortement dépendant des importations dans plusieurs secteurs stratégiques.
Une nouvelle fracture dans l’ordre international
Le boycott américain illustre une fracture grandissante entre Washington et les forces qui militent pour un rééquilibrage de l’ordre économique mondial. Le sommet de Johannesburg met en lumière la volonté des pays du Sud de s’affranchir des tutelles traditionnelles pour élaborer leurs propres stratégies de développement et de coopération.
Pour de nombreux analystes, cet épisode marque un moment charnière : l’Afrique n’est plus un simple espace d’influence, mais un acteur politique incontestable, capable de porter un agenda global et de résister à la pression des puissances occidentales.
