Le transport aérien européen voit sa position s’éroder sur le marché mondial du long-courrier. En vingt ans, l’offre des trois principaux transporteurs du continent – Air France, Lufthansa et British Airways – n’a que faiblement progressé, tandis que leurs concurrents du Moyen-Orient et de la Turquie connaissent une expansion spectaculaire.
Selon les chiffres récents du secteur, Air France a augmenté son offre de vols long-courriers de 14 % depuis le début des années 2000, Lufthansa de 16 %, tandis que British Airways enregistre une légère baisse de 1 %. À l’inverse, les compagnies extra-européennes affichent des croissances impressionnantes : +651 % pour Turkish Airlines, +914 % pour Qatar Airways et +357 % pour Emirates.
Ces résultats s’expliquent par le soutien massif dont bénéficient ces transporteurs de la part de leurs États respectifs. Basées à des carrefours géographiques stratégiques, comme Istanbul, Doha ou Dubaï, ces compagnies profitent d’une connectivité mondiale exceptionnelle et d’un accès facilité au marché européen. Résultat : de plus en plus de passagers européens transitent par ces hubs au détriment de ceux de Paris, Francfort ou Londres.
Face à cette concurrence déséquilibrée, les dirigeants d’Air France-KLM et de Lufthansa ont plaidé, en octobre, pour des « règles du jeu équitables ». Ils dénoncent une asymétrie réglementaire et fiscale qui pénalise les transporteurs européens, soumis à des contraintes environnementales, sociales et fiscales plus strictes.
Les compagnies européennes appellent désormais l’Union européenne à adopter une politique aérienne plus offensive pour défendre la compétitivité de leurs hubs. À défaut, préviennent plusieurs experts, l’Europe risque de perdre son rôle historique de plaque tournante du transport aérien mondial.
Sources : BFM Business, Les Échos, Reuters.
