Nouvelle escalade verbale entre Niamey et Paris
Le président nigérien, le général Abdourahmane Tiani, a adressé une nouvelle mise en garde à Emmanuel Macron, jeudi, lors d’une visite à Diffa, dans le sud-est du Niger. Devant des soldats rassemblés dans un camp militaire, le chef de l’État a déclaré que « la détermination » de son pays et de l’alliance sahélienne AES était « illimitée », ajoutant que si le président français « ne le sait pas, qu’il le sache ». Cette affirmation s’inscrit dans un contexte de tensions persistantes entre Niamey et Paris depuis la rupture diplomatique de 2023.
Selon le général Tiani, les « projets de déstabiliser le Niger ainsi que les pays de l’AES ont échoué et ils échoueront toujours ». Le chef de la transition a présenté le Niger, le Burkina Faso et le Mali comme une confédération solidaire, engagée à défendre sa souveraineté face aux ingérences étrangères. Depuis la création de l’AES, les trois États ont renforcé leur coopération militaire et politique, affichant leur volonté de s’éloigner définitivement de l’influence française dans la région.
Ces déclarations ont été faites dans la région de Diffa, longtemps marquée par l’insécurité liée aux attaques de groupes armés et devenue un symbole de la lutte du Niger pour reprendre le contrôle de ses frontières. Le déplacement visait également à montrer la présence de l’État dans une zone stratégique et à galvaniser les forces de défense.
À Paris, aucune réaction officielle n’avait été publiée dans l’immédiat. Ces dernières semaines, les relations entre les deux pays restent au point mort, la France ayant retiré ses troupes du Niger et suspendu sa coopération militaire. Les autorités nigériennes poursuivent de leur côté un repositionnement diplomatique centré sur de nouveaux partenariats, notamment avec la Russie et la Turquie.
Pour les observateurs, cette nouvelle sortie du général Tiani vise autant l’opinion publique nigérienne que les partenaires de l’AES. Elle cherche à réaffirmer l’autorité du régime militaire et à se démarquer de toute influence occidentale. Reste à savoir si ce durcissement verbal entraînera une réponse de Paris ou s’il s’inscrira dans la continuité d’un bras de fer politique désormais installé dans la durée.
